Petit traité de circulation..
à l'usage de l'inconscient fraîchement débarqué à Buenos Aires.
Au niveau circulation routière, l'Argentine est un pays de dingues. C'est la loi du plus fort. N'allez pas parler aux conducteurs de "priorités", que ce soit celle du véhicule ou du piéton. Le plus gros et brutal s'impose. En ville le bus règne en maître, n'hésitant pas à écraser une ou deux grands-mères sur son passage. A Bs As, le risque est plus grand de se faire faucher par un taxi ou un bus que de se faire agresser la nuit dans des quartiers chauds. Revue des moyens de transports privilégiés lorsque l'on débarque dans cette mégapole de 14 millions d'habitants.
La voiture
On peut légitimement se demander s'il existe un examen du permis de conduire. En fait oui, mais il se passe en circuit fermé, et il suffit de slalomer entre des plots. Ce qui explique un état des lieux inquiétant dans la "réalité". Les statistiques parlent d'elles-mêmes. En France, il y a un décès par accident pour 5600 véhicules, alors que le taux monte à un décès pour 800 véhicules en Argentine. Un Argentin est donc 7 fois plus dangereux avec sa voiture qu'un Français. Faut pas chercher loin... Le port de la ceinture, officiellement obligatoire, est souvent omis. Les policiers s'en foutent, ils se contentent de se poster à un coin de rue et de "regarder". Dans les banlieues de grandes villes, on ne s'arrête jamais aux feux rouges pour des raisons de sécurité (sinon la voiture derrière, elle -même habituée à ne pas s'arrêter, te rentre dedans). Le traçage des voies au sol quant à lui a semble-t-il peu d'importance. L'essentiel est d'arriver à se faufiler sans foutre en l'air le rétro du voisin si possible. Ajoutons que la conduite à Bs As est d'autant plus laborieuse vu les problèmes de stationnement. Il est presque incontournable d'utiliser les estacionamientos, autrement dit les espaces réservés payés.
Le bus (colectivo)
A Bs As, c'est simple : il n'existe aucun plan des lignes. Ces dernières sont cependant regroupées dans une sorte de petit annuaire (le guiaT), mais qui s'avère complètement indigeste et incompréhensible. Depuis 4 mois que je suis arrivé, je ne connais que 2-3 lignes. Et puis, pour peu qu'on trouve la ligne à emprunter, le calvaire ne s'arrête pas là. Parfois, le bus ne passera jamais, parfois ils arriveront par deux. Le but consiste donc à faire un signe au chauffeur pour qu'il ralentisse son véhicule. Le plus souvent, il s'arrête quelques secondes, ou même pas du tout (perte de temps...).
Une fois monté, on se retrouve à s'accrocher aux barres métaliques tant bien que mal tandis que le véhicule, aux formes souvent arrondies mode tiers-monde, se retrouve déjà projeté à 80 km/h dans la jungle urbaine. Parfois les bus s'amusent à faire la course entre eux. Sinon, le voyage (0,8 $, une broutille) se paye en petite monnaie en insérant les pièces dans une machine, ce qui crée parfois une véritable file d'attente à chaque montée. Malgré cela, le bus reste un moyen de transport pratique dans Buenos Aires, pour son prix mais aussi parce que les véhicules sont très nombreux (15000 bus, à comparer aux 4000 de Paris), et circulent pour beaucoup 24h/24.
Le taxi
Très reconnaissables et très nombreux, les taxis sont tous noirs et jaunes, et on en trouve à peu près partout. J'avoue prendre un malin plaisir à lever la main pour heller l'un d'entre-eux et lui demander de me conduire illico presto à l'autre bout de la ville. Bon, quand on ne connait pas bien les lieux, l'ennui est que le chauffeur peut s'amuser à tourner en rond pour gagner quelques pesos supplémentaires. Cela nous est déjà arrivé plusieurs fois... Mais la plupart du temps, les conducteurs de taxi sont agréables et engagent même facilement la conversation. Si les tarifs ont augmenté de 20% depuis la semaine dernière, les prix restent peu chers pour la classe aisée ou encore nous autres, étrangers.
Le métro (subte)
Avec ses 5 lignes, le métro porteño est largement insuffisant et obsolète. Premier métro de l'hémisphère sud, il ne dessert que 10% de la ville intra-muros (le centre et Palermo-Belgrano, deux quartiers résidentiels riches), et est souvent bondé. Terrain de jeu préféré des pique-pockets, le subte se révèle surtout pratique pour qui réside dans le microcentro. L'avantage est le prix (0,70 $ soit 0,50 € à parité de pouvoir d'achat), d'autant plus que l'accès aux rames est parfois gratuit. Mais le métro cesse de fonctionner dès 22h30, ce qui est peu pratique lorsque l'on sort en soirées. Ajoutons que les Porteños se comportent souvent comme des sauvages, aussi. Que ce soit pour monter dans le wagon ou en descendre, ou dans les escalators, c'est du chacun pour soi. A côté, le Parisien est un ange...
La ligne A revêt un certain interêt touristique, puisque le mode de fonctionnement est le même qu'il y a un siècle. L'intérieur des wagons est tout en bois et est éclairé via des petites lampes, et l'ouverture des portes coulissantes n'est pas automatique mais manuelle. Ce sont les voyageurs qui s'en chargent.
Pour l'anecdote, dans les couloirs de plusieurs stations de subte, on trouve de petites stelles où des Argentins viennent parfois se recueillir...
Les pieds
Il suffit d'avoir une bonne paire de pompes. Rien de tel pour découvrir au mieux la ville, d'autant plus qu'il est facile de s'y repérer. Le plan de la ville est en damier, avec un croisement tous les 100 mètres. Reste qu'un piéton à Buenos Aires n'échappe absolument pas à la folie des voitures, taxis et bus, qui peuvent sans problème emprunter le trottoir l'espace d'un instant ou te renverser en prenant brusquement un virage.
Hors sujet : saviez-vous qu'avec un psy pour 450 habitants, Buenos Aires est la capitale la plus névrosée du monde ? Pour en savoir plus, un article de Courrier International à lire ici.