On a passé notre première soirée ensemble
... vendredi dernier. Rien que tous les deux. Assis sur le lit, toi sur
mes genoux, on s’est rapidement senti très proches l'un de l'autre. Un peu maladroit, je ne
savais pas trop comment m’y prendre... comment te prendre (oula :p). Faut dire que tu ne faisais pas grand-chose de ton côté. Et puis, c’est venu tout seul, petit à petit. Quelques heures ont
suffi pour nous apprivoiser mutuellement. Quand on s’est quitté, je t’ai promis
qu’on se reverrai le lendemain.
Tout a été très vite. Dès samedi
soir, on est sorti chez des amis. Tu te faisais traîner, je n’étais pas super à
l’aise avec toi dans la rue. Dans l’appartement, c’était différent. Les gens
nous dévisageaient, le plus souvent agréablement surpris ou amusés de nous voir
serrés l’un contre l’autre. Plus ou moins malgré nous, on est devenu l’attraction
principale de la soirée. Ils m’ont posé plein de questions. Ils te trouvaient
beau. J’étais fier de toi.
Je crois qu’on a un bon bout de chemin à faire ensemble. En
espérant juste que tu te feras à moi. On se connaît depuis si peu de temps…
Mais je tiens déjà beaucoup à toi, tu sais.
Car passer un an sans instrument
de musique, c’était presque inconcevable.
On esquivera la difficulté pour
trouver un accordéon chromatique à boutons à Buenos Aires. Si la démarche a été
laborieuse, elle ne s’est pas avérée vaine. Et puis, voici l’occasion pour moi
de me remettre à un instrument dont j’avais suivi des cours pendant six ans et
que j’ai presque laissé tomber durant trois ans, hormis lors de
concerts occasionnels. Les projets se multiplient déjà, entre animations dans
les restaurants français et fêtes étudiantes en musique.
Déjà hier, c’était très fort. A voir devant moi ces sourires béats et ces regards pétillants, j’ai l’impression d’avoir distillé une petite dose de bonheur. Pour un rien... juste quelques sons impulsés par mes dix doigts. Bien sûr, c’est gratifiant, mais l’alchimie m’échappe un peu. La musique est bien plus forte que tous les mots de la Terre. Bien plus forte que nous, aussi.
Sinon, ça fait déjà deux mois que je suis sur place. Bien sûr, la France me manque un peu. Enfin… surtout les gens auxquels je suis attachés, les lieux que j’aime fréquenter... Rien de plus normal, après tout. C’est aussi ça, l’expérience du lointain. Prendre du recul, faire le tri, et voir ce qui nous reste essentiel.
Ceci dit je me plais vraiment bien
ici. Il a fait un temps pourri toute la semaine qui vient de s’écouler, mais c’est
encore mieux quand y’a du soleil. Et comme c'est bien connu, lorsqu’il pleut, on s’enferme, que ce soit devant son ordi ou dans les salles obscures. J’ai ainsi vu un film
argentin, mi fiction, mi docu, Familia
Lugones. C’est l’histoire de deux jeunes garçons qui quittent Buenos Aires
pour passer quelques jours de vacances à Tigre. Ils empruntent des bouquins à
la bibliothèque et se plongent dans la véritable histoire du passé d’une riche
famille maudite dont plusieurs membres se sont suicidés. Très joyeux tout ça, hein. Les
¾ du film sont composés de témoignages, en espagnol et… sans sous-titres. Je n’ai
naturellement pour ainsi dire rien compris, si ce n’est que c’était un film très intellectuel, mais
probablement très bien.
Pour me consoler, je suis allé voir La Vengeance dans la Peau, le troisième épisode des aventures de Jason Bourne. Comme la majorité des films américains projetés dans les salles argentines, il était en anglais, sous-titrage espagnol. Compréhension nettement facilitée donc, d’autant plus que ne pas avoir vu les deux premiers films de la saga ne m’a pas trop porté préjudice. J’ai surtout été séduit par un film d’action qui brise les conventions, intelligent et efficace. Le sens du montage est stupéfiant de brutalité, Paul Greenglass va très vite à l'essentiel -cadre, image, dialogues-, porté par le renouvellement du genre que l'on retrouve aussi dans Mission Impossible 3. La caméra à l'épaule constamment en mouvement est un peu énervante, et le rythme plus que haletant, presque violent, empêche tout repos. Le film peut donc prendre la tête assez rapidement, car le spectateur est omnipotent, il voit tout, peut-être même trop. Reste que ce thriller aux allures de voyage sans répit aux quatre coins du monde vaut le détour.
Sans transition, quelques mots sur un ami musicien qui se lance dans la musique et part à la rencontre de son public. Je vous invite à écouter la maquette de l'artiste Little Neo sur sa page myspace, et à diffuser l'adresse autour de vous si le projet vous séduit.